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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/424

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

Il a un mouvement. Il a perçu l’approche de son complice Pétunig. En effet, celui-ci paraît à l’orifice du couloir.

— Faites excuse, grommelle-t-il, on se croirait dans le royaume des taupes.

— Chut !

C’est Von Karch qui lui impose silence et d’un coup d’œil circulaire lui montre les dormeurs :

Il lui tend le papier plié, cette feuille détachée tout à l’heure de son carnet.

— Tu liras ceci quand tu seras seul. Tu te conformeras strictement à mes instructions.

— Je m’y conforme toujours.

— Oui, mais cette fois, elles méritent une attention particulière.

— On la leur donnera, Herr Von Karch, parole de Pétunig. Vous n’ajoutez aucunes explications verbales ?

— Si, mon brave. Seulement je te les développerai dehors.

Et son regard se pose encore sur les dormeurs. Le bandit répond par un ricanement.

— Les oreilles sont comme tous les trous. On perd ce qu’on laisse tomber dedans.

L’espion approuve du geste la triviale locution. Il se lève. Sur la pointe des pieds, il se dirige vers le couloir de sortie, suivi par son complice qui, inquiété vraisemblablement par ces précautions, lance des coups d’œil menaçants sur les niches occupées par ceux dont son maître paraît se défier.

Tous deux se sont enfoncés dans l’étroit boyau.

Tril se demande s’il va s’y glisser derrière eux. La prudence de Von Karch excite sa curiosité. Un secret que l’on cache ainsi doit être utile à connaître. Il se dresse sur son séant et demeure stupéfait.

Le rideau de Liesel vient de s’écarter, et la jeune fille se montre debout, prête à s’élancer au dehors.

Chacun est un instant médusé en voyant les yeux de l’autre fixés sur lui.

Enfin, la créole se décide. D’un geste coquet, elle porte l’index à ses lèvres pour recommander le silence. Tril répond par le même geste. Sans une parole, un accord tacite vient de s’établir entre eux. Et Liesel, comme pleinement rassurée par la promesse muette, disparaît à son tour dans le corridor, laissant l’Américain abasourdi.