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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/425

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LE LIT DE DIAMANTS.

Elle revient bientôt. Elle étend les bras à droite et à gauche. Elle n’a pas réussi. Nerveuse, elle se réfugie sous son rideau qui retombe.

On ne surprend pas aisément un bandit comme Von Karch. Cet homme de ruse évente toutes les ruses possibles. Il a songé qu’un homme endormi peut écouter, et il a écrit ses instructions. Dehors, il a conduit Pétunig au bord même du cenote. L’espace découvert qui l’entoure, les sépare du fouillis de la forêt, où un espion pourrait se cacher.

À voix basse, il a confié ses recommandations à son complice.

Liesel, certaine qu’elle n’apprendrait rien, a regagné son réduit. Un chuchotement glisse dans l’air.

Manuelito vient de prononcer à son adresse :

— Je tâcherai de voir Pétunig demain.

Elle écarte le rideau, montre son visage dont l’expression apparaît changée. Elle est reconnaissante à cet inconnu d’avoir assez de confiance pour parler.

— Merci, module-t-elle, merci. Attention, on vient.

Tous semblent anéantis par un sommeil pesant quand Von Karch rentre à son tour. Il choisit un coin à sa convenance. Il a bien rempli sa journée. Il est satisfait et entrevoit la possibilité de la victoire finale.

Le lendemain dans la nuit, il quittera le Ah-Tun avec les diamants, Tiral et Liesel.

Pas de danger que ces derniers reculent le départ. En contant à celui qu’il croit son ami, la façon dont il fut contraint vingt années plus tôt, d’abandonner le « trésor », Tiral a enseigné au fourbe la marche à suivre.

À cette heure même Pétunig, qui s’est renfoncé dans l’ombre du Cenote, est étendu sur le sol, maintenant, sous la clarté falote de sa lanterne, le papier que lui a confié son chef. Il le relit avec attention.

« Demain, partir au jour. Te rendre à Errinac. Expédier dépêche au Fraulein sur rade de Campèche, pour lui ordonner de retourner immédiatement à Progreso. Là, deux canots, portant des marins armés, surveilleront sans relâche la lagune et l’embouchure du fleuve souterrain. Ils amèneront de gré ou de force à bord du navire toute personne qui en sortira ».

— Çà, grommela le bandit, c’est clair comme de l’eau de roche. Si les gens de là-haut pensaient à nous fausser compagnie avec leur magot, on leur dirait : on ne passe pas ; mais après, je ne comprends goutte à la combinaison du patron.

Et il murmura à mi-voix, les yeux fixés sur le papier :

« Puis, vers neuf heures du soir, pas avant, tu te rendras chez le Cacique