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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/442

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L’AÉROPLANE-FANTÔME

à l’aide d’une manette rustique. La corde se déroulait, et la barque portée par le courant, dérivait lentement vers l’endroit désigné.

Le jeu d’une manivelle assurait le retour.

À cette heure, le comptable, sa fille, Von Karch, rassemblés auprès du treuil improvisé attendaient le pseudo-Manuelito.

— Rien de nouveau ? questionna l’espion.

— Rien.

— Alors, cher Monsieur Tiral, au dernier voyage !

Tril eut un coup d’œil à l’adresse de Liesel. La métisse couvait l’Allemand d’un regard inquiet ; au fond de ses prunelles sombres, on lisait la question angoissante :

— Que pense-t-il ? Quels projets sont arrêtés dans son cerveau ?

Cependant Von Karch s’impatientait.

— Hâtons-nous, prononça-t-il en consultant sa montre. Onze heures sont passées. À minuit au plus tard, nous devrons être en route.

Avec empressement, le comptable enjamba le bordage et s’assit sur l’un des bancs.

— Allons, Liesel, fit-il. Dépêche-toi. Tu vois que notre ami a du vif argent dans les veines.

La jeune fille se rapprocha du bateau ; elle allait embarquer. Von Karch la retint doucement par le bras.

— Est-ce bien utile ? murmura-t-il.

Elle riva sur lui son regard noir.

— Que voulez-vous dire ?

Dans l’accent de la jeune fille il y avait une anxiété et un défi. L’Allemand ne parut pas s’en apercevoir.

— Je Veux dire que, vous ici, sachant qu’à minuit moins dix nous remonterons, il se pressera dans la crainte d’être séparé de vous.

Ceci semblait si naturel, que Tril, debout à quelques pas, ne prêta aucune attention aux répliques échangées.

Cette distraction l’empêcha de remarquer que les deux interlocuteurs croisaient leurs regards. Les yeux de la métisse fouillaient ceux de l’espion.

Qu’y lut-elle ? Une menace sans doute, car elle sauta dans la barque, avec ces mots :

— Je serai plus certaine de sa hâte en demeurant près de lui.

Un sourire ironique crispa les traits de l’espion.

— Vous êtes prêts ? Eh bien ! allez donc au diable !

Un cri d’épouvante ponctua l’apostrophe brutale. L’Allemand avait dé-