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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/466

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LE LIT DE DIAMANTS.

Un, c’eut été déjà bizarre, mais il y en avait plusieurs ; car un second, puis un troisième, s’offrirent aux yeux ébahis de Von Karch, ripostant à ses questions, par l’horripilant :

I don’t understand !

C’était une invasion américaine.

Quand les sauterelles s’abattent sur un endroit, on peut accuser le vent de les avoir apportées, mais les Américains ne sauraient être véhiculés ainsi que les criquets.

Von Karch se sentit affolé.

Heureusement pour lui, un jeune homme, la casquette ornée des galons d’or de commodore, s’approcha :

— Commodore Martins, dit-il, commandant le yacht Lovely.

Cette fois enfin, on lui parlait allemand, mais le plaisir de l’espion n’en fut pas augmenté.

Lovely, qu’est-ce que ce Lovely dont vous me parlez ?

— Un bon navire de la marine fédérale, répliqua sèchement le jeune officier, et dont l’équipage est catalogué comme détenant le record de la jeunesse. Le plus âgé du bord, en effet, c’est moi, le capitaine, et je n’ai pas dix-neuf ans.

Ces mots achevèrent d’exaspérer Von Karch.

— Qui peut être assez fou pour confier un navire à des gamins ?

— Un homme, riposta Martins, qui a songé que des enfants abandonnés peuvent devenir de bons citoyens, et qui l’a prouvé ; Jud Allan, notre « roi » à nous, un roi aimé de ses obligés comme jamais souverain ne le fut de ses sujets.

Puis changeant de ton :

— Mais laissons cela ; je dois vous prier de réintégrer votre cabine où l’on désire vous parler.

— Qui ?

— J’exécute les ordres qui me sont donnés, sans en demander davantage.

— Et si je refusais ?

Le commandant Martins eut un sourire.

— Vous m’obligeriez à vous montrer qu’à bord du Lovely, les « gamins », comme vous appelez mes matelots, les gamins savent se faire obéir.

Une dernière question monta aux lèvres de Von Karch absolument ahuri de tout ce qu’il voyait et entendait :