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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/215

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CHAPITRE II

Une demande en mariage


Deux heures plus tard, un conseil tenu, au château de Châtillon, par les commissaires étrangers, sous la présidence de M. de Metternich, prenait fin.

Parvenu dans la rue, M. de Metternich avait renvoyé son carrosse, et frileusement enveloppé de fourrures, il déambulait à travers la ville.

— Quel froid de loup, grommela-t-il ; on voit en moi un vainqueur de la politique, je n’en suis qu’une victime.

Et il allongeait le pas, frappant du pied le sol durci par la gelée.

Ainsi il parvint à la place Saint-Voile. D’un regard de côté, il examina la maison de M. de Caulaincourt.

Au premier étage, les rideaux d’une fenêtre étaient tirés ; derrière les carreaux deux hommes considéraient les passants.

Le prince reconnut Caulaincourt et le courrier Dupeutit.

— Ils sont à leur poste, murmura-t-il, bien.

S’arrêtant, il tira son mouchoir de sa poche, le porta à son nez, puis le faisant disparaître, il poursuivit son chemin.

Le diplomate français et le courrier n’avaient pas fait un mouvement, mais quand le ministre d’Autriche eut disparu, tous deux quittèrent la croisée.

— Le mouchoir, fit alors Dupeutit d’une voix tremblante.

— Oui, répliqua Caulaincourt aussi ému que son interlocuteur…

— C’est peut-être le salut !

— Peut-être. Dupeutit, vous allez retourner vers Sa Majesté.

— Je pars.

— Envoyé par moi, pour demander des instructions, nul ne s’opposera à votre passage. Vous avez ma lettre conçue en ce sens ?

— Je l’ai.