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Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/58

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bèche qui saluait respectueusement, d’Espérat toujours agenouillé, les mains tendues en un mouvement de supplication.

— Qu’est cela, murmura-t-il ?

Milhuitcent bondit sur ses pieds, se précipita vers Napoléon, lui prit la main, la couvrit de baisers éperdus, balbutiant :

— Cela, c’est un comédien, c’est un enfant dont tout le sang est à toi, qui veulent que tu vives, que tu triomphes, et qui implorent Dieu, avec ce cri, avec cette pensée… Vive l’Empereur.

Mais abandonnant la main de Napoléon, se reculant effaré, consterné,… tel un croyant qui aurait profané l’autel :

— Pardon, sire, pardon… j’oublie que je suis un sujet devant le Maître… je parle en enfant, en fils… pardonnez, pardonnez-moi… Je vous appartiens à ce point que j’ai cru un instant que vous m’apparteniez.

Un sourire bienveillant éclaira la physionomie de l’Empereur. L’homme que les soldats adoraient, qui savait en une seconde apprécier quiconque se présentait devant lui, avait compris l’ardent dévouement contenu dans la jeune âme d’Espérat.