Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Maître du drapeau bleu.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
353
LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

tion ; oui une section vaut mieux, pour coopérer à la garde des prisonniers du vice-roi.

— Je ramènerai la section, monsieur le Directeur ?

— Naturellement… Seulement pressez-vous.

Mais arrêtant son interlocuteur qui déjà pivotait sur ses talons :

— Non, arrêtez. Vous les avez vus, ces brigands !

— Oui, monsieur le Directeur.

— Et quel air ont-ils ?

— Sauf votre respect, ils ont l’air de deux gentlemen et de deux femmes charmantes !

— Qu’est-ce que vous dites ?

— Deux gentlemen et deux ladies…

— J’avais bien entendu… je ne suis pas sourd, par le pied fourchu de Satan, pas sourd du tout… Mais vous parlez de deux dames.

— Oui, monsieur le Directeur, parce que dans les quatre bandits, il y a deux personnes de ce sexe.

Ce satané greffier avait réponse à tout. Ne pouvant le prendre en défaut, Lydias prit le parti de le congédier.

— Vous n’arriverez jamais à rien, hurle-t-il… Vous vous répandez en bavardages au lieu d’agir, vous devriez déjà être de retour avec les soldats que j’ai réclamés.

Et le fonctionnaire essayant une justification, le métis le prit sans façon par les épaules et le poussa dehors en rugissant de toute la force de ses poumons :

— Mais allez donc, allez donc !… Vous m’obligerez à vous signaler comme dépourvu de tout zèle pour le service du gouvernement.

Puis seul enfin, il se laissa choir sur une chaise en gémissant :

— Non… cela n’arrive qu’à moi… Des prisonniers « recommandés » et mon mariage demain ! On peut bien dire que l’on a du mal à vivre !

Il demeurait là, prostré, secoué par l’angoisse d’un événement qui lui ferait perdre son titre de directeur de la prison.

Ce titre, il l’avait enlevé de haute lutte, et au prix de quels sacrifices !

Né dans la caste des vanniers, il avait ressenti de suite une horreur insurmontable pour la vannerie.

Or, les Hindous se subdivisent en castes très fermées ; ils estiment que le fils doit embrasser la profession de ses parents, épouser une jeune fille ayant