Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/259

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foncement que des rocs surplombent. On peut barrer l’entrée, et en somme, s’y trouver presque aussi confortablement que dans les baraques de ce pays.

Tous respiraient. Le gamin apportait une solution pratique.

Au jour, l’un ou l’autre des voyageurs, chaussant les skis, dont on s’était heureusement muni à Valdez, gagnerait Ill-Tower, et ramènerait du monde, afin de ravitailler la machine. Une nuit serait bientôt passée.

Donc, tous s’attelèrent à l’automobile, la tirèrent dans le petit cirque rocheux découvert par Jean. La « caverne » ou, plus exactement, l’anfractuosité ménagée entre des blocs superposés, était assez spacieuse pour abriter voyageurs et véhicules.

Quelques pierres amoncelées à l’entrée, un feu allumé, l’on se trouva comme chez soi. Puis un repas substantiel, arrosé de quelques tasses de thé bouillant, le tout emprunté aux provisions de « réserve » occupant un compartiment de la voiture, acheva de mettre la petite troupe en heureuse disposition.

Fleuriane et Mme Patorne, toujours assombrie par ses regrets, prirent place à l’intérieur de l’automobile qui pouvait passer pour une chambre à coucher assez agréable.

M. Defrance, Dick Fann et Jean Brot s’enveloppèrent de fourrures et s’étendirent tout simplement sur le sol.

Un fracas d’éboulement les tira de leur sommeil. L’une des pierres obturant l’entrée venait de rouler au bas de la barricade improvisée.

— Qu’est-ce ?

C’est Dick qui a prononcé ces mots.

— Bon ! patron, c’est le réveille-matin. Il fait jour, riposte Jean.

En effet, la lumière filtre entre les blocs de fermeture.

— Mais voyez donc cette pierre, elle remue toute seule.

— Que signifie cela ?

Un vacarme coupe la phrase. Le bloc, dont l’équilibre a été rompu, tombe, découpant une lucarne irrégulière dans la barricade, et à l’ouverture ainsi produite paraît une tête énorme, velue, où brillent des yeux féroces.

— Un ours blanc ! clame M. Defrance.

Dans l’automobile deux voix répètent :

— Un ours blanc !