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Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/328

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Au surplus, les résolutions du jeune voyageur, devaient rester purement platoniques, car, vers neuf heures, surpris de n’avoir pas vu reparaître l’Anglais, il pénétra dans sa chambre. Là, une surprise l’attendait.

Dick Fann était accoudé sur la table semblant rêver.

Mais presque aussitôt, Jean poussa une exclamation :

— C’est un mannequin !

Eh oui ! Les vêtements de Dick, remplis à l’aide du traversin, de l’édredon, surmontés d’une boule obtenue avec des serviettes et figurant la tête, étaient confortablement assis en face de lui, dessinant sur le grand rideau tiré devant la fenêtre une silhouette d’ombre, donnant l’illusion d’une ombre humaine.

— Qu’est-ce que cela ? Mais lui, où est-il ?

Cette réplique sonna, suivie immédiatement d’une nouvelle exclamation du gamin.

— Voici sans doute qui me l’apprendra.

Le petit désignait une lettre placée en vue sous la lampe, et dont la suscription, tracée en gros caractères, venait d’attirer ses regards. Il avait lu :

« À mon brave petit ami Jean Brot. »

Avidement il se saisit du papier, le déplia, et lut à mi-voix :

« Pour ceux que je veux surprendre, je ne dois pas être sorti. J’ai fermé à clef ma porte sur le corridor ; on ne peut donc pénétrer dans ma chambre que par la porte de communication avec la tienne.

« Tu empêcheras que quiconque la franchisse.

« Grâce à cela, et à ce que je vais te dire, l’illusion sera suffisante.

« Commande thé et gâteaux secs salés (pâtisserie sibérienne) pour deux… Laisse de la lumière dans nos pièces… Efforce-toi de projeter de temps à autre ton ombre sur le rideau, en masquant celle de mon effigie. De la sorte, on ne pourra se rendre compte qu’elle demeure immobile.

« Attends-moi ainsi, sans sortir, sans te montrer.

« Si tu exécutes fidèlement mes instructions, je t’affirme que le danger de mon expédition sera réduit au minimum. »

La note finissait là.