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Page:Ivoi - Le Radium qui tue.djvu/69

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— Ah ! patron, je ne vous avais pas reconnu depuis Paris.

Et comme le détective fronçait les sourcils :

— Ne vous fâchez pas, continua le petit ; seulement, vous auriez dû vous dire : « Ce gamin-là n’est pas une tourte, il peut et il veut servir la gentille demoiselle. »

Puis, secouant la tête en un mouvement insouciant :

— Bah ! je fais la preuve par neuf : je dis par neuf parce que c’est du neuf que je venais couler dans l’oreille de mam’zelle Fleuriane. Les deux à l’auto de cent, je les ai suivis dans le couloir de leurs cabines.

— Ah ! s’exclama Dick Fann, soudainement intéressé.

— Ils ne me voyaient pas, je n’allais pas leur dire : « Papa Larmette, tu as été trop généreux avec moi dès le premier jour. Quarante sous sur la route, trois francs pour avoir rapporté des fleurs à l’hôtel… cent sous en quelques heures, et c’est comme cela tout le temps… Trop de pourboires, je t’ai à l’œil. »

— Enfin, que disait-il ? interrompit l’interlocuteur du verbeux gamin.

— Il était dans sa logette avec le nommé Davisse. Vous savez qu’ils ont une cabine à deux couchettes. Alors, le Davisse a grogné :

« — Volés ! Volés, nos corindons !

« — Tais-toi, qu’a dit l’autre… parler ne vaut rien. On les reprendra, sois tranquille ! Seulement, tiens ta langue.

« Et il s’est mis à fredonner tout en rangeant ses petits bagages.

« Au bout d’un instant, il s’arrêta pour demander :

« — Tout le personnel de la 30 H-P… — 30 H-P., vous comprenez, c’est notre auto ! — Tout le personnel donc, dit-il, occupe des cabines sur le pont ?

« — Bien sûr, la milliardaire ne se refuse rien. Elle occupe l’appartement 2 ; la dame de compagnie est à côté, au 4. Le mécanicien et le groom ont la cabine 16, deux couchettes…

« — Parfait ! cela suffit.

« — Alors, conclut le gamin, j’ai filé comme une souris et je venais conter l’affaire à la demoiselle quand… j’ai l’oreille fine, j’aime mieux cela qu’être sourd, et vous aussi, pas vrai ?… donc j’ai entendu quelques mots de votre conversation… et je me suis