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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/153

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— Bon ! fit gaiement le Français, il reste le langage des yeux.

Elle affirma de la tête.

— Oui, et justement, je voulais… je désirais que, même alors que je ne vous regarderais pas, vous pussiez voir, par un détail de toilette, une fleur, que ma pensée est avec vous.

La figure rose de Lisbeth exprimait un embarras touchant, ses yeux bleus étaient humides.

Vraiment, sous l’empire de l’émotion intérieure, elle devenait tout à fait charmante.

Morlaix le constata. Une réflexion rapide se formula dans son cerveau :

— Puisqu’elle est gentille en dépit de son costume multicolore, elle le serait tout à fait si elle s’habillait simplement et avec goût.

Résultat : il continua à haute voix :

— Un détail de toilette n’est point assez.

— Que souhaitez-vous donc ?

— Une toilette complète. Même de loin, de très, loin, j’aurai l’impression tout à fait gracieuse dont vous parliez.

— Oh ! alors, parlez… Quelle toilette ?

— Toute blanche, très simple.

— Je serai ainsi.

Puis, baissant la voix, avec une petite mine suppliante :

— Vous n’aimez pas ma façon de m’habiller ? murmura-t-elle.

Embarrassé, le jeune homme balbutia :

— Oh !… pouvez-vous croire… je ne dis pas cela…

Mais Lisbeth l’interrompit :

— Ne niez pas… je voyais bien dans vos yeux… J’avais beau changer de nuances, aucune ne vous plaisait… et j’en étais désolée… À présent, j’aurai une robe désignée par vous… et plus tard, vous m’en désignerez d’autres… Moi, je ne sais pas ; vous m’apprendrez à avoir votre goût français.

Morlaix, cette fois, fut touché.

Si naïvement, la jeune fille faisait entre ses mains l’abandon de sa volonté, qu’il lui eût fallu avoir un cœur de roc pour demeurer insensible.

Mais il n’eut pas le loisir de répondre.