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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/154

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Elle eut un léger cri. Ses yeux désignèrent Fleck et Niclauss qui, bras dessus bras dessous, traversaient le jardin.

— Les voici… Robe blanche, c’est convenu.

Et elle laissa Morlaix, tout à fait décontenancé, par les impressions successives qu’il venait d’éprouver.

Cependant, il se ressaisit vite.

Des paroles de Lisbeth, il résultait qu’une course de vitesse allait s’engager entre les rivaux. Albin ne devait pas se laisser distancer.

Donc avant tout, son devoir d’ami était d’avertir son compagnon et de prendre toutes mesures utiles pour devancer Niclauss.

Esclave du devoir, il regagna la chambre d’Albin.

Là, une nouvelle surprise l’attendait.

À genoux devant la croisée, la tête seule dépassant l’entablement, Gravelotte regardait au dehors.

Si absorbé était-il, qu’il n’entendit pas Morlaix ouvrir la porte, qu’il ne bougea pas lorsque son compagnon vint à lui.

Surpris, ce dernier suivit la direction des regards de son camarade de collège. Il ne vit en face que l’aile droite de l’hôtel, les croisées des chambres à voyageurs, masquées par des stores.

Jugeant dès lors que la préoccupation d’Albin ne méritait pas que l’on s’y arrêtât, il secoua rudement son compagnon :

— Hein ? fit celui-ci d’une voix hésitante, comme au sortir d’un rêve. Qu’y a-t-il ?

— Il y a, mon cher bon, que le Niclauss compte décamper à l’aube pour arriver premier auprès de Darnail et prendre revanche de ses défaites passées.

À la grande surprise du jeune homme, Gravelotte haussa les épaules :

— Qu’est-ce que cela me fait ?

— Comment, ce que… ? Ah çà ! tu ne m’as pas compris ?

— Je te demande pardon. Niclauss quitte l’hôtel au point du jour.

— Oui.

— Eh bien, moi, je ne le quitte pas, voilà tout.

Et comme Morlaix, stupéfait, le considérait avec