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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/155

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des yeux effarés, le jeune homme se dressa sur ses pieds. D’une voix tremblante, il balbutia :

— Elle est malade, très malade.

— Qui ?

— Elle, l’Américaine.

Cette fois, Morlaix frissonna. Comment Albin savait-il ? Pourquoi cet émoi que tout à l’heure lui-même avait ressenti ?

Son ami continuait, cependant :

— J’ai vu le médecin passer là, dans le jardin. Je l’ai deviné, j’ai deviné qu’il venait pour elle.

— Quoi, comment cela ? grommela Morlaix, de plus en plus étonné.

— Oui, c’est bizarre, n’est-ce pas ?… mais cela est ainsi… J’ai hésité longtemps, je me rendais compte de la folie de ma pensée, mais enfin, j’ai cédé. Je suis allé là-bas, j’ai interrogé les serviteurs de l’étage.

Deux grosses larmes coulèrent sur les joues de Gravelotte :

— J’avais pressenti la vérité. C’est elle, elle qui est en danger de mort.

Puis, se jetant désespérément au cou de son ami, il sanglota…

— Remonte-moi, console-moi… Cette Américaine, je ne la connais peut-être pas, et je souffre de son mal comme si elle était la parente la plus chère !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La nuit est venue. Sur le fond indigo du ciel, les étoiles scintillent comme des escarboucles. Les derniers accords des pianos se sont éteints, les serviteurs malais ont regagné leurs nattes. Tout dort dans l’hôtel der Nederlanden.

Tout, non. À l’une des croisées de l’aile gauche, dont le store est relevé, une silhouette humaine se découpe, imprécise.

Qui veille là ?

C’est Niclauss.

Niclauss est mécontent, préoccupé. Une heure après son arrivée à l’hôtel, comme il descendait de sa chambre avec Fleck, il lui a semblé apercevoir Lisbeth causant sous la colonnade avec Morlaix, avec ce