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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/171

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La jeune femme y renonça.

Elle installa ses chers parents dans un spacieux cottage, au milieu d’un jardin plein de fleurs ; elle leur assura l’aisance, la vie facile ; puis, certaine que le digne pasteur, son vénéré papa, pourrait désormais lire la Bible tout à son aise sans être contraint d’en vivre, elle laissa ses soupirants soupirer à taire tourner les moulins de Grande-Bretagne et s’embarqua pour faire tourister autour du monde.

Au fond, elle espérait, en des contrées moins civilisées que l’Angleterre, rencontrer un quatre centième fiancé qui, ignorant de sa fortune, admirerait ce qu’elle avait de réellement admirable : son teint de rose, ses dents nacrées, ses yeux bleus et ses cheveux blonds frisés.

Elle s’était adjointe une ex-institutrice comme demoiselle de compagnie.

Les dimensions de miss Mable Grace avaient décidé de son choix. Une personne de volume aussi respectable devait assurer aux deux voyageuses le respect de tous.

L’événement, par malheur, n’avait pas ratifié cet espoir.

Mésaventures sur mésaventures marquèrent les étapes du parcours. La dernière, plus cruelle que les autres, avait eu pour théâtre un paquebot transportant les touristes de la Martinique au Brésil.

Par suite d’une méprise, les Anglaises avaient été soupçonnées de cacher une jeune Péruvienne, qui voulait mourir et dont la vie importait à une foule de gens. Elles avaient été arrêtées, menacées de la prison, délivrées sans y avoir rien compris.

Bref, l’Amérique devenue odieuse à mistress Doodee, celle-ci l’avait fuie en toute hâte, jetant entre elle et ce pays inhospitalier toute l’étendue de l’océan Pacifique.

Et, après un tel déplacement, alors qu’elle croyait pouvoir se délecter enfin d’un repos mérité, voilà que Mable Grace ronflait et la privait du modeste bonheur de dormir, de perdre la conscience des choses.

Dans son irritation, Eléna mit un pied hors du lit. Ses regards fixés sur l’opulente demoiselle de compa-