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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/172

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gnie, son geste indiquaient clairement son intention.

Elle allait secouer d’importance la dormeuse-orchestre.

Mais, soudain, le mouvement commencé s’interrompit. La blonde mistress tourna la tête vers la porte, parut écouter.

Une expression d’inquiétude se peignit sur ses traits. Vite, son pied rentra sous les couvertures, dans lesquelles la tête de la jeune femme s’enfouit également.

À quoi attribuer ce changement d’attitude ?

À la peur.

Oui, à la peur subite, irraisonnée, causée par un bruit nouveau, dont les oreilles roses de Mrs. Doodee avaient été frappées.

C’était comme un léger glissement sur le panneau de la porte de la chambre.

On eût dit qu’une main prudente tâtonnait, cherchant la serrure.

Eléna, à demi étouffée sous les draps, se souvenait à cet instant précis, fatale mémoire, que pour faciliter le service, durant la collation, on avait laissé la clef en dehors, et que, plus tard, on l’y avait oubliée.

Horreur ! la porte s’ouvrit en grinçant doucement.

Mrs. Doodee se renfonça davantage sous la couverture, et, suffoquée, son cœur sautant éperdument dans sa poitrine, elle balbutia une oraison — précipitée, naguère enseignée par son père, le révérend Frognose.

Dans sa cachette, elle ne vit pas un homme entrer.

Elle ne l’entendit pas davantage traverser la chambre, — il est vrai que le visiteur déambulait avec la légèreté d’un félin, — arriver à la tablette qui supportait les chapeaux à voiles verts des deux Anglaises.

Il tenait à la main des chapeaux à voiles bleus.

Il les substitua aux autres, puis regagna la sortie en emportant les coiffures britanniques, remplacées maintenant par des couvre-chefs américains.

On sait que, pour voyager, les Saxonnes de Grande-Bretagne ont adopté la voilette d’émeraude, tandis