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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/19

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dans le temple, – le ciel inspira les hommes et les choses de Sumatra.

De nouveau, sa main épaisse s’engouffra dans sa poche, pour reparaître, tenant, entre le pouce et l’index, un papier plié.

Fleck le brandit. Son accent claironna :

– François Gravelotte m’écrivit ceci.

Posément, le causeur déplia la lettre et, baissant la voix, il lut :

Chinchadeng, ce 21 du mois Samaray 1904.

« Mon cher et honoré correspondant,

Ici, le lecteur s’arrêta, appuya sur sa poitrine un doigt court, boudiné, ayant une parenté évidente avec les saucisses dont l’Allemand se nourrissait habituellement, puis, non sans une légitime fierté, il affirma :

– Honoré correspondant, c’est moi.

Ceci établi, il reprit sa lecture :

« Après des années de travail, ma fortune faite, je songe à aller finir mes jours dans ma patrie. Ah ! la douce France, on peut la quitter pour acquérir la richesse, mais une invincible attraction nous attire à elle. Au loin, c’est à elle que l’on pense ; durant la lutte, c’est dans son souvenir, dans l’espérance de la revoir que l’on puise le courage. Bref, après un si long temps passé parmi les peuples jaunes, les serpents, les tigres, le choléra, la chaleur mortelle, j’aspire à ma terre natale, son climat tempéré, sa population blanche. »

– Parbleu ! commença Albin.

Mais d’un geste brusque, Morlaix lui imposa silence. Le lecteur continuait.

« Vous penserez sans doute, mon cher correspondant, que rien n’est plus facile que de satisfaire mon désir. Il me suffit, vous semble-t-il, de gagner le port de Siaté, de me faire conduire de ce point, soit à Batavia, soit à Singapoor, et de m’embarquer sur l’un