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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/18

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— Pardon, vous dites ?

– Hypoxide, une délicieuse fleur verte et fauve qui signifie Espérance de bonheur.

– Ah ! s’écria Fleck avec enthousiasme, quel trésor que cette enfant ! Dans son adoration de la poésie, elle a appris le langage des fleurs, celui des étoiles, des pierres précieuses… Elle ne parle qu’à coups de bouquets, d’astres et de diamants. Quelle femme vous aurez là !

– Sans doute, sans doute ; mais poursuivez votre récit.

Le gros Allemand acquiesça du geste à cette demande et, toujours grave :

– Oui, j’avais découvert le secret enfermé dans le cœur de Lisbeth.

– La fleur du châtaignier, psalmodia la blonde transrhénane.

– Vous m’appelez : Châtaignier ?

— Qui dit : pour toujours. Affection sans fin !

Du coup, Niclauss ne peut faire moins que s’incliner en balbutiant :

– Mille grâces. Trop bonne, en vérité.

Quant à Fleck, transporté d’aise, mais désireux d’afficher quelque sévérité :

– De la réserve, Lisbeth, récita-t-il, de la réserver Une fillette ne doit pas ainsi dévoiler son âme.

– Être dissimulée… Oh ! non. Jamais je n’y consentirai. Loin de moi les perfidies de l’Amaryllis violette !

Elle eut un beau geste dont l’Amaryllis violette dut être pulvérisée. Les soies bleue, verte, rose et jaune de sa toilette froufroutèrent noblement, son nez sembla se retrousser davantage, suivant un arc plus héroïque, et sur ses joues rondes passa un frisson rose.

Le gros Allemand prit un temps, plongea sa main dans sa poche, en tira une grosse tabatière en argent, et après avoir humé en connaisseur une prise qui eût étouffé deux hommes ordinaires, poursuivit son discours :

– Donc, Herr Niclauss, j’étais horriblement perplexe, lorsque le ciel – le ciel n’abandonne jamais les serviteurs qui vont régulièrement commenter la Bible