Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/197

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— Que Votre Excellence me pardonne, mais si elle le tentait, je devrais, ainsi que mes employés, m’y opposer de toutes mes forces.

— Ah ! ah !

— Ordre du gouvernement, conclut le maître de poste, avec l’orgueil inné chez tout citoyen libre que le gouvernement veut bien prendre pour serviteur.

Puis, changeant de ton, redevenant l’aubergiste mielleux qui prépare sa « note » :

— Ces messieurs désirent-ils dîner ?

— Sans doute. Et aussi dormir.

— Si ces messieurs veulent me suivre.

Un instant plus tard, Rigjoon laissait ses nouveaux clients en haut des pilotis de la cabane la plus éloignée de celle où gîtaient Oraï et ses compagnes.

Très satisfait de lui-même, se confiant en a parte qu’il avait opéré avec la plus habile diplomatie, il quitta ses hôtes et, se frottant les mains, redescendit dans la cour, si l’on peut décorer de ce nom l’espace libre limité par les diverses constructions.

Déjà Oraï l’y attendait.

Les deux hommes eurent une longue conférence qui se termina par ces mots :

— Le premier train du matin ?

— À cinq heures vingt-cinq.

— Nous le prendrons.

— Bien, monsieur l’officier.

— Et n’oubliez pas surtout. Si ces étrangers parlaient aux voyageuses…

— J’ai compris. Je tiens trop à ma sûreté et suis trop dévoué aux intérêts hollandais, dans lesquels les miens sont compris, pour ne pas avoir toute la vigilance désirable.

Or, au moment précis où se prononçaient ces paroles mémorables, la vigilance du maître de poste était mise en défaut.

De sa croisée, Albin l’avait aperçu ainsi qu’Oraï. Les deux causeurs s’étaient bien dissimulés sous un appentis, mais trop tard.

Jugeant, dès lors, le gardien des Américaines trop occupé pour gêner ses actions, Gravelotte avait tracé quelques mots sur une page de son carnet, puis, enjambant une fenêtre ouverte du côté opposé à la