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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/203

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Grace releva la tête, gonfla ses joues qui n’en avaient nul besoin et d’un ton mécontent :

— Oh ! schocking ! Cette missive d’un personnage non présenté était d’un paltoquette.

À sa grande surprise, Eléna lui arracha le papier des mains avec un sec :

— Taisez-vous. Vous ne savez ce que vous dites.

— Hein ? quoi ? Comment ? balbutia la demoiselle de compagnie.

— Celui-ci me semble le quatre centième que je cherche.

— Le quatre centième, quoi ?

— Fiancé, fiancé, Grace ; celui qui, avec son cœur, souhaitera ma main en mariage.

— Vous croyez ?

— Sans doute. Son billet ne dit-il pas une âme troublée ?

— Son billet dit en effet.

— Et comme il ne me connaît pas, puisqu’il me suppose demoiselle, ce n’est donc pas sur ma fortune que ses doux regards s’attachent, mais bien sur la personne de moi-même, à qui il offre le dévouement de sa vie.

— Votre appréciation me paraît droite.

Évidemment, Mable ne pouvait répondre autrement. Il lui était impossible de deviner le quiproquo, issu des manœuvres d’Oraï, quiproquo de par lequel Albin écrivait à Eléna une lettre tout entière destinée à Daalia.

Quand à la jolie veuve, elle était ravie, transportée au septième ciel.

Tous les ennuis du voyage sortaient de sa mémoire. Bénis ces ennuis qui l’avaient contrainte à venir à Java, île fortunée où fleurissait le futur attendu, ce futur dont le noble cœur ne s’ouvrait pas comme un porte-monnaie pour engloutir une dot, et qui ne tenait point les élans de son âme en partie double, ainsi qu’un registre de comptabilité.

Soudain une clef grinça dans la serrure.

Vite mistress Doodee cacha le billet dans son corsage.

Le faux douanier entra.

Son regard perçant se fixa sur les deux femmes.