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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/205

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enjoignit de faire monter le repas des Anglaises, puis, les mains derrière le dos, du pas nonchalant d’un flâneur, il se promena allant de l’une à l’autre des constructions formant l’ensemble du relais.

Ainsi il arriva à faire le tour de la cabine affectée à Albin et à son ami Morlaix.

Les plantes grimpantes, froissées, brisées par la gymnastique de Gravelotte, pendaient lamentablement le long du pilier de bois, que le jeune homme avait utilisé pour atteindre le sol et pour regagner sa chambre.

Le faux douanier eut un sourire.

— Il est sorti par là.

Il hocha doucement la tête.

— C’est lui qui a jeté la pierre, avec un billet autour, bien certainement. Nous veillerons ce soir.

Et son intonation se faisant attendrie.

— Brave garçon. C’est Daalia, l’enfant chérie des Battas, qui est la douce fée de son rêve. Cependant il faut l’égarer, l’entraîner loin d’ici, car il doit ignorer que sa tendresse pour elle causerait la mort de la pauvre enfant.

D’un ton plein d’énergie, il murmura encore :

— M’Prahu, maître des volcans grondeurs, n’exige pas de ton serviteur le meurtre de Daalia ; fais que ce jeune guerrier d’Occident soit conduit au travers des huit épreuves, sans soupçonner qu’il obéit ainsi au vœu formulé par celle qui a son cœur.

On eût dit que cette invocation avait apaisé le trouble qui bouillonnait en lui.

Le Sumatrien reprit le chemin de la cabane ou campong habité par les Anglaises. Il s’installa sous le hangar formé par les pilotis et le plancher, et là il mangea sobrement, tandis que, de temps à autre, parvenaient à ses oreilles des éclats de voix, des rires étouffés.

Au-dessus de sa tête, ses prisonnières dînaient gaiement, se réjouissant un peu à la légère d’avoir détourné ses soupçons.