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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/220

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L’assistant résident jouit d’une ombrelle moins panachée d’or et donnant moins d’ombre.

Le contrôleur-parasol n’a plus d’or et abrite à grand’peine le personnage.

Enfin le vedana (employé), n’a plus que la hampe de l’ombrelle hiérarchique.

En somme, les jeunes gens atteignaient la gare quelques minutes seulement avant le départ du train.

Avec la mélancolie d’hommes qui n’ont pu tiffiner ou luncher au choix, mais aussi avec la propension hilare de voyageurs qui viennent de récolter des notes burlesques sur les mœurs et coutumes, ils prirent place dans le wagon, et attendirent patiemment que le convoi se mît en marche.

Mais ils n’en avaient pas encore fini avec les surprises de Pikalongan.

Soudain, la portière de leur compartiment s’ouvrit. Le chef de la station, dressé sur le marchepied, parut.

Il se découvrit, procéda à des révérences compliquées, puis, tendant un pli à Morlaix :

— Monsieur Morlaix, n’est-ce pas ?

— Oui, en effet.

— Ceci vient d’arriver de Samarang, par le chef d’escorte envoyé vers vous par M. le résident général.

Et comme les deux amis se regardaient stupéfaits, le fonctionnaire continua :

— J’ai fait embarquer, dans le train, dragons et chevaux…

— Dragons et chevaux ? redirent les Français absolument médusés.

— De sorte que, si leurs services vous sont nécessaires en cours de route, il vous suffira de les faire prévenir par le chef de train.

Sur ce, il salua derechef, sauta à terre et referma la portière.

Au surplus, le sifflet de la locomotive se faisait entendre. Le train démarrait.

— Qu’est-ce que cela signifie ? balbutia enfin Gravelotte.

— Peuh ! Je m’en fiche, répliqua Morlaix, retrouvant son exclamation habituelle, un peu oubliée depuis quelque temps.