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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/221

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— Une escorte !… des dragons !… des chevaux !

— Il paraît.

— Mais la lettre explique peut-être…

— C’est, ma foi, vrai.

D’un coup de pouce, le domestique ami fit sauter le cachet de l’enveloppe.

— De la bonne petite Lisbeth, s’écria-t-il après avoir jeté les yeux sur le papier contenu à l’intérieur.

Et Morlaix déchiffra les lignes suivantes :

« Samarang

« Je connais maintenant la raison de notre départ précipité. Ils veulent arriver à Djokjokarta avec une avance suffisante pour voir la troisième fiancée bien avant vous et acheter, par des présents, son concours favorable.

« Pour vous retarder encore, ils ont signalé à la résidence de Samarang, votre passage prochain, et ont fait connaître votre parenté avec le riche planteur Gravelotte, de Sumatra.

« Le résident, selon l’usage (nous avons appris cela en route), vous expédie une escorte. Ce sera très joli, mais cela ralentit la marche. Aussi, fidèle comme le lierre qui meurt où il s’attache, je confie ces lignes au kranem, ou chef du détachement.

« Soyez souple comme la liane, ne résistez pas ainsi que l’ébénier noir. Dites-vous que près de vos adversaires sont ouverts des yeux amis, que ma vigilance égale celle du Phœnix ombellata, et que ma bouche sera plus bavarde que les roseaux de Midas, pour vous défendre contre le serpent caché sous les fleurs du mancenillier.

« Ma main se tend vers vous, tenant en poignée le jasmin de Virginie, sourire de l’éloignement, et le jasmin jonquille du souvenir affectueux.

« Lisbeth. »

— C’est un peu fort, clama Gravelotte.

— Calme-toi. 

— Eh ! le puis-je ? Ces coquins qui nous embarrassent d’une escorte ?