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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/222

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Gravement, Morlaix saisit la main de son compagnon.

— Mon cher, sois ménager de tes expressions. Que tu traites ton cousin Niclauss de coquin, cela ne m’offusque pas, c’est un rival ; mais pour M. Fleck, il en va autrement.

— Comment, cet Allemand qui…

— Est le père de Lisbeth.

— Et après ?

— Après… Il est donc en passe de devenir mon beau-père.

Ce fut par un éclat de rire qu’Albin ponctua la phrase de son interlocuteur.

— Ton beau-père, à toi ? Comment, tu songerais à épouser Mlle Lisbeth ?

— Tu devrais être le seul à n’en pas être étonné.

— Moi ?

— Sans doute. Voilà une jeune fille horriblement mal élevée au point de vue de la conscience. Sa famille lui a enseigné que la propriété n’existe pas, que la fortune appartient au plus adroit, que le pickpoket est un travailleur estimable.

— Jolie éducation !

— D’accord. Elle a d’autant plus de mérite à s’en affranchir. Et pourquoi s’en affranchit-elle, je te le demande ? Pour te permettre de vaincre ton rival, de libérer l’oncle François, de devenir l’un des plus riches colons des Indes néerlandaises… ; tout cela, je te prie de le remarquer, sans y avoir aucun intérêt personnel.

— Je le veux bien.

— C’est heureux. Seulement comme tu es un ingrat renforcé…

— Ingrat, moi !

— Comment appelleras-tu le nommé Albin, qui, protégé, défendu par Lisbeth, ne songe qu’à miss Eléna ?

Du coup, Gravelotte demeura court

— Eh bien ! continua Morlaix gravement, courbe la tête, fier Sicambre, et remercie l’amitié en ma personne. Je ne veux pas te voir taxer d’ingratitude. Tu contactes une dette de reconnaissance, c’est moi qui la paierai. Tu devras le succès à Lisbeth, la-