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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/227

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dais exceptés) sans en avoir obtenu licence du prince indigène gouverneur.

Au reste, un peu au delà de la borne frontière, un poste de soldats armés de lances, de boucliers dorés, drapés en des jupons de soie, veillait à la stricte observance de cette prérogative de leur maître. Un courrier était parti à fond de train dans la direction de la capitale afin de solliciter le laissez-passer, et l’on attendait son retour.

— Ces nobles seigneurs ne daigneront-ils pas visiter les ruines du grand temple bouddhique de Tjiambji-Seou ?

Un vieillard à la longue barbe blanche parle ainsi. Il est le gardien du temple, et moyennant quelques pièces de monnaie, il guide, à travers les ruines, les voyageurs immobilisés à la frontière ; il explique la foi bouddhique détrônée maintenant par l’islamisme.

Ni Fleck, ni Niclauss ne sont curieux de ces choses.

Seule, Lisbeth répond à l’appel mendiant du vieillard. Elle se lève. Étrange ! Au lieu d’un de ces costumes multicolores dont elle avait l’habitude, elle porte une robe grise très simple. Un chapeau de paille, sur lequel se détachent des feuillages d’un vert atténué, couvre sa tête blonde.

Il y a presque du goût dans sa mise. Vraiment, son professeur Morlaix serait satisfait de ses progrès.

Quant à Fleck, qui ne comprend pas, bien entendu, cette transformation, il murmure, en la regardant s’éloigner avec son guide :

— Je ne sais ce que Lisbeth a en tête pour s’attifer comme cela ! Elle qui, auparavant, choisissait des couleurs si gaies !

Niclauss ne paraît pas l’entendre.

La tenue de Lisbeth ! Voilà une chose qui lui est indifférente. Lisbeth n’est pas une jeune fille pour lui. Elle est simplement la clef d’un coffre-fort !

Cependant, le vieillard s’enfonce entre les monceaux de pierres sculptées. Des bouddhas renversés, énormes, de grandeur sept ou huit fois humaine, gisant dans les herbes, obèses, grimacent leur éternel sourire, les jambes en l’air.

Par des gradins rappelant ceux des pyramides égyptiennes, Lisbeth et le « cicerone » pénètrent dans une tour obscure, sorte de clocher, dont les pierres descellées semblent prêtes à tomber. Au fond de ni-