la face avait plus de rapport avec l’espèce simiesque qu’avec la famille humaine.
« Il fallait être sous la dent des cannibales, pour convoler avec semblable guenon.
« Enfin, je réintégrai ma propriété avec elle, non sans que l’on m’eût enseigné une seconde loi batta qui dit ceci :
« Sera mangé par les guerriers quiconque aura volé, désolé la fille d’un chef, ou transgressé une loi du peuple batta… »
« Jolie législation ! Grâce à cet article, j’étais désormais l’esclave de Rana. Il lui suffisait de grommeler avec d’affreuses grimaces : — Mon époux me désole ! Pour que mon imagination me fit sentir des dents d’anthropophages s’implanter dans mes muscles.
« Enfin, passons.
« Au point de vue commercial, mon union eut les plus heureux effets. Tout le commerce entre Battas et l’extérieur passa par mes mains.
« Hélas ! les bénéfices mêmes ne m’intéressaient pas, car, troisième loi batta :
« Les biens acquis par le mari reviennent, à sa mort, à sa ou ses épouses. »
« — C’est alors que j’eus la pensée de mettre à part une portion de l’argent gagné et de le placer en Europe par vos soins. »
Immobiles, moitié souriants, moitié émus, Albin Gravelotte et Morlaix écoutaient l’étrange récit.
Quant à Niclauss, qui avait bâillé à plusieurs reprises, il interrompit fa lecture pour demander :
— Dans tout cela, je ne vois pas le moyen d’entrer en possession des dix millions déposés a la Société Générale.
— Nous y arrivons, riposta nerveusement M. Fleck.
Et Lisbeth prononça d’une voix mélodieuse.
— Arrivée, pois de senteur.
Les sourcils de Gavrelotten se froncèrent. Le langage des fleurs de l’Allemande commençait à l’impatienter. Toutefois, il s’apaisa soudain. Vraisemblablement, il venait de songer que l’oncle François ayant épousé une Batta à tête de singe pour ne pas