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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/25

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être croqué, lui-même pouvait bien s’unir à une Allemande à langage de fleurs, afin de croquer la fortune enfermée dans les caisses de la Société Générale.

Fleck n’avait rien vu.

De sa voix blanche et monotone, il se remit à lire.

« Les Battas étant au courant de toutes les opérations que je traitais directement avec eux, il m’était presque impossible de distraire une part des bénéfices.

« Pourquoi voulais-je avoir des économies personnelles, indépendantes, je vous le dirai tout à l’heure.

« Toujours est-il que, pour les posséder, un simple raisonnement m’avait indiqué la voie :

« – Pour que les Battas ne constatent pas tes prélèvements, il faut que tu aies des comptoirs en dehors de Sumatra. Or, le beau sexe des tribus qui m’avaient si ingénieusement enrôlé n’a pas à se louer de la loi.

« La jeune fille est en tutelle dans son village. La femme, qui y est généralement renvoyée par son mari, continue la même existence. Toutes envient l’indépendance, la liberté dont elles voient jouir les dames européennes, compagnes des agents hollandais de la côte.

« J’exploitai cette jalousie. La loi m’autorisait à prendre plusieurs femmes. J’en épousai successivement sept encore, que je chargeai de fonder et d’exploiter des comptoirs à Java, Bornéo, Manille, etc.

« Vous pensez si elles accueillirent avec joie mes décisions. C’était la liberté, l’émancipation que je leur offrais.

« Grâce à leur concours, il m’a été possible, à l’insu de Rana et de sa tribu, d’amasser une somme rondelette, en sûreté à Paris, et je désire revenir en France pour en profiter. »

— Ah ! ah ! s’exclama Niclauss !

Il se tut soudain.

Il lui avait semblé qu’un écho éloigné lui renvoyait ses onomatopées.