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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/31

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— Chez ?…

– Un coiffeur de théâtres que je connais.

– Chez un coiffeur, tu es fou !

– Tu en jugeras.

La physionomie de Gravelotte exprimait la satisfaction, la confiance. Morlaix n’insista pas et se laissa docilement conduire.

Rue du Faubourg Montmartre, non loin de la Cité Rougemont où se dresse l’hôtel de la Société des Gens de Lettres, un coquet magasin attire les regards.

Sa montre indique la profession de ceux qui l’habitent. Des perruques, merveilles du genre, appliquées sur des têtes de cire ou sur de simples supports, s’étalent aux yeux du passant, incitent les chauves à l’admiration, les chevelus à la comparaison.

Albin entra là comme chez lui.

Le perruquier accourut à sa rencontre.

Mais son sourire aimable se transforma en un formidable éclat de rire, lorsque le visiteur lui eut murmuré à l’oreille quelques mots, parmi lesquels, malgré toute sa bonne volonté, Je-M’en-Fiche put seulement surprendre ceux-ci :

– Un pari…, des têtes…, méconnaissables.

Guidés par le perruquier, tous deux disparurent dans l’arrière-boutique, sanctuaire de la fabrication.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une demi-heure plus tard, deux messieurs de mise correcte se présentaient au « Richissime » et demandaient mystérieusement le gérant.

Redingote noire, rosette de la Légion d’honneur, barbes soyeuses et brunes, cheveux idem sous de conquérants « huit reflets », tout indiquait des personnages d’importance.

Aussi, le gérant s’empressa-t-il d’obtempérer à leur désir.

– Monsieur, lui dit l’un des visiteurs, montrant un portefeuille et la frange d’une écharpe, ma fonction de commissaire de police me contraint d’opérer une arrestation dans votre établissement.

– Dans mon… balbutia le gérant dont les traits