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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/328

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nité de souffrance l’avait attirée vers l’homme bronzé et, sans en avoir conscience, presque malgré elle, elle avait exprimé sa pitié. 

L’indigène en guenilles comprit-il ? Peut-être.

Un étonnement se peignit sur ses traits, puis quelque chose de doux passa sur la dureté du visage, et il murmura tout bas, pour lui seul :

— C’est elle qui défend Antonio, Anton’ se souviendra.

Cependant le capitaine expliquait :

— Un homme qui proclame ses attaches avec les rebelles doit périr.

— Non, quand il vient loyalement parmi ses ennemis.

— Mais l’impunité est un encouragement.

— La justice est une victoire.

Et suppliante, Daalia ajouta :

— Je vous en prie, capitaine, promettez à cet homme qu’il se retirera librement. Vous avez voulu que votre reconnaissante invitée assistât à l’entretien. Eh bien, accordez-lui la vie d’un pauvre diable qu’un sentiment de patriotisme, peut-être faux, peut-être déraisonnable ; mais à coup sûr respectable, a conduit dans cette redoute.

— Peuh ! les sentiments d’un homme couleur pain d’épices, persifla Mrs Stiggs.

Mais Daalia était si Jolie, des yeux implorants si irrésistibles, que le capitaine sourit :

— Bah ! une fois n’est pas coutume. Allons, Pain d’épices, tu rejoindras sans être inquiété tes coquins de camarades. Seulement remercie la señorita.

L’homme se redressa de toute sa hauteur.

— Je la remercierai, non parce que tu l’ordonnes, mais parce que j’honore la vraie bonté.

Et se découvrant, balayant le sol de son feutre troué avec l’élégance d’un hidalgo :

— Señorita, le Dieu tout-puissant vous a donné la beauté de ses anges, afin que les hommes reconnussent en vous une fille du ciel. Les remerciements d’Antonio sont peu de chose ; mais sa mission remplie, Antonio se souviendra ; Antonio veillera sur celle qui épargne l’existence des humbles ; et cela, dans l’île de Luçon, à une valeur.

Je serais heureux de vous le prouver, et cependant, je souhaite que la