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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/349

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— Je vais, si vous m’y autorisez, vous donner lecture d’un message qui sera remis aujourd’hui même à cet officier américain.

L’étrangeté de la situation finissait par amuser Mrs. Doodee. Ce fut donc avec le plus grand sérieux qu’elle déclara :

— Votre récit m’intéresse vivement. Lisez votre message, je vous en prie. Il y a là un véritable match, et une Anglaise, vous le savez peut-être, n’admet pas l’indifférence en semblable matière.

— Votre désir est un ordre, señora.

Ce disant, Moralès déplia une feuille de papier ornée d’un cachet rouge représentant un crâne posé sur deux os en croix, et entouré par la terrible devise des insurgés philippins : Tod’el siengre.

— Voici, señora, ce que je lui écris :

« Quartier général de la Montaña.

« Le général Moralès au capitaine Stiggs, commandant l’enceinte fortifiée de Mariveles.

« Ceci est la dernière communication relative à la señorita Daalia.

« J’ai capturé cinq personnes dont une lui est chère, vous le savez. Mais vous ignorez qu’en ce jour, j’ai joint à mes prisonniers deux captives qui, à Java, ont détourné le danger de dessus sa tête. J’espérais, jusqu’à cette heure, qu’en ennemi loyal, vous seriez le premier à me fournir les moyens de reprendre la campagne.

« Nul homme noble ne consentirait à s’attaquer à un adversaire désarmé.

« Mais les êtres avides qui veulent dépouiller les peuples de leurs richesses, de leur indépendance, sont réfractaires à toute chevalerie.

« Je frapperai donc désormais sans pitié, puisque la générosité est bannie de vos conseils.

« Je commencerai demain, et voici donc ce que je vous annonce :

— Si demain, à midi, la señorita Daalia n’est pas dans mon camp, je mettrai à mort tous mes prisonniers. Leur sang retombera sur votre tête, sur celle de votre nation, qui ne sait point être noble, qui réduit les patriotes aux atrocités des mesures désespérées.