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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/350

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« Je charge la Madone de réaliser la malédiction de

« Moralès. »

Le métis se tut. Eléna ne riait plus. Dans l’accent plus encore que dans les paroles, elle avait senti passer la résolution implacable du jeune chef.

Celui-ci la regarda :

— Vous avez bien compris, señora ?

Elle eut à peine la force de balbutier :

— Oui.

— Je vais vous faire conduire auprès de mes autres prisonniers. Vous leur ferez part de notre conversation. Vous leur exprimerez mes regrets d’être contraint de me montrer sans pitié. Allez, vous avez tout un jour pour vous préparer à mourir.

L’Anglaise voulut se récrier. Elle n’en eut pas le pouvoir.

Sur un geste du métis, des hommes la saisirent, relevèrent brutalement Mable, complètement médusée, et entraînèrent les captives.

Dans des salles, des corridors sombres, celles-ci marchèrent, tantôt entre des parois resserrées que leurs épaules touchaient presque, tantôt obligées de se courber pour ne pas heurter du front la voûte soudainement abaissée.

À la fin, une porte à l’armature de fer se présenta. L’un des rebelles l’ouvrit, s’effaça pour laisser passer les Anglaises, puis disparut en rabattant le panneau sur leurs talons. Une chandelle vacillait, répandant sa clarté tremblotante dans un vaste caveau de forme irrégulière.

Dans la zone lumineuse plusieurs personnes s’agitaient.

Eléna eut comme un éblouissement.

Parmi ces êtres, elle en reconnaissait deux : Niclauss, entrevu par elle dans le palais des bayadères du Sultan de Djokjokarta, et surtout Albin.

Comme mue par une force intérieure, elle courut à ce dernier, lui tendit la main :

— Sir Albin Gravelotte !

L’interpellé sursauta ; puis, après un instant :

— La bayadère de Djokjokarta, la fausse Darnaïl !

— Mistress Eléna Doodee, rectifia la jeune femme.

— Parfaitement, mistress Eléna Doodee…