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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/377

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Antonio se pencha sur le cadavre, le fouilla et se redressa aussitôt triomphant, brandissant une enveloppe.

Il en épela péniblement la suscription puis, certain de ne pas se tromper, il enflamma une allumette, brûla le papier et en dispersa les cendres.

Alors, il parut satisfait :

— Cette missive de misère n’apportera pas la tristesse chez la doña. J’ai sauvé sa fortune ; maintenant, il faut la sauver elle-même.

Ceci dit, il s’agenouilla auprès du corps de Lopez, s’absorba dans une fervente prière et, la conversation avec la divinité terminée, il saisit le cadavre par les épaules, le traîna dans l’épaisseur du fourré. Après quoi, il redressa soigneusement les herbes, les feuilles froissées durant cette funèbre opération ; enfin, sans tourner la tête, il s’éloigna, revenant sur ses pas.

Une heure après, il se présentait devant Moralès.

— Chef, dit-il, j’étais allé rôder vers Manille ; une chula mendiante m’a remis le bâton rouge.

Il présentait en même temps à son interlocuteur un fragment de branche d’épissena (sorte de pin de race naine) dont l’aubier, soigneusement dépouillé de son écorce, apparaissait rouge-brun, veiné de noir.

Moralès tressaillit :

— C’est un message de Pedrillo le Brave.

— Oui.

— Il a besoin que ma troupe se joigne à la sienne, la nuit prochaine.

— C’est bien là ce que signifie ce signal, chef.

— En quel endroit ?

— Au serao Dolo ; vois, le couteau a tracé trois raies sur le bois… Or, le rendez-vous n° 3 est le Dolo.

— C’est vrai, mais les prisonniers ?

Quelque chose comme un sourire passa sur la face sombre d’Antonio.

— Si tu le souhaites, je les garderai. Cela ne privera ta troupe que d’un homme, et cependant, tu seras tranquille, sachant que je veille.

Moralès tendit la main à son interlocuteur.

— Tout est bien ainsi. Au surplus, nos captifs ignoreront notre départ.

Sur ces répliques, les deux hommes se séparèrent.