Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/413

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sité de la soumission, car son accent se fit obséquieux.

— Qu’ordonne ton ami, seigneur ?

Kuroki fit un signe de tête approbatif, et d’un organe adouci :

— Les blancs sont les ennemis des jaunes.

— Oh ! oui, appuya le Coréen d’un ton pénétré.

— Ils prétendent nous subjuguer, nous courber sous leurs lois, nous imposer leurs coutumes, leur religion grossière, leurs mœurs barbares.

— Cela est vrai.

— Tout homme de notre race est tenu de les haïr.

— Ainsi parlent nos bonzes… mais les blancs sont puissants.

— Leur puissance va être abattue par les guerriers de l’Empire du Soleil Levant.

La figure du Coréen s’épanouit.

— C’est donc la guerre que tu annonces, seigneur ?

— C’est la guerre.

— Les Nippons chasseront les Ourousses (Russes) ?

— Comme le vent chasse devant lui les feuilles sèches.

— Alors, promit solennellement le fonctionnaire, en se levant à demi, parle, tes ordres seront religieusement exécutés par ton serviteur Hao-Kin.

Il n’y avait pas à se méprendre sur la sincérité du gouverneur de Chemulpo. Il ne parlait plus avec l’accent traînard, papelard que les populations mongoles et mandchoues semblent avoir adopté lorsqu’elles s’entretiennent avec les Européens.

Sa voix sonnait nette, précise, avec un cliquetis de bataille.

Son regard ne fuyait plus sournoisement ; il se fixait franchement sur les visiteurs.

— Bien, reprit Kuroki, tu exprimes ton cœur (tu parles loyalement). Écoute donc ce que notre frère malais attend de toi.

Le Coréen s’inclina.

— Un navire russe, le Varyag, entrera bientôt dans le port de Chemulpo.

— Encore un.

— Pourquoi cette exclamation ?

— C’est que deux bâtiments déjà, la canonnière Koreietz et le transport Soungari, salissent les eaux de notre port.