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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/417

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visite sanitaire a donné lieu, à bord des croiseurs français, à d’interminables plaisanteries. Il est drôle, en effet, que les Coréens se permettent cette visite de santé, eux dont la saleté proverbiale pourrait apporter la peste au monde, si ce n’était fait depuis longtemps.

Mais enfin le Varyag a été admis à la libre pratique.

Tous les yeux sont fixés sur lui. Ses matelots descendent le grand canot à la mer.

— Tiens, des passagers.

Comme un murmure, cette exclamation parcourt les rangs des curieux qui se pressent contre les bastingages des différents steamers.

Et l’on regarde curieusement.

Des hommes, des dames descendent dans le canot.

Bizarre ! à l’ordinaire, les vaisseaux de guerre ne prennent pas de passagers.

Que signifie cette exception ?

Tandis que leur présence intrigue tout le monde, Albin Gravelotte, Daalia, leurs compagnons, amis ou ennemis, se sont installés dans le canot, qui s’éloigne du croiseur se dirigeant vers le plan incliné de bois goudronné, qui sert de débarcadère primitif.

— Demain, murmure doucement Albin à la jeune fille qui le regarde avec tendresse, nous prendrons des chevaux qui, par la route mandarine, nous conduiront à la ligne ferrée de Port-Arthur à Kharbin. Une dépêche à votre père pour l’avertir et nous partirons pour cette France que vous ne connaissez pas…

— Mais que j’aime de tout mon cœur, mon cousin.

Elle dit cela de sa voix chantante, avec un regard profond, mystérieux, qui fit palpiter l’âme du jeune homme.

Il semble qu’elle ait réuni la France et le cousin dans l’expression de son affection.

Morlaix, lui, murmure à l’oreille de Lisbeth :

— Albin va être riche…, donc je le serai aussi.

— Oui, oui, dit-elle les yeux mi-clos, vous avez l’un pour l’autre l’amitié de deux frères.

— Dont l’un cirait les bottes de l’autre, complète Morlaix avec un vague sourire.

Il a prononcé ces mots si bas gué sa compagne n’a pu entendre. Il continue bien vite.

— Riche, rien ne s’oppose à ce que je sois heureux.