Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était l’équipe de renfort, ou plus exactement d’alternance.

Avec une vigueur, une endurance incompréhensibles sous ce climat embrasé, les porteurs courent sans cesse d’un trot élastique et soutenu.

De paal en paal (mille cinq cent quatre-vingts mètres), ils se remplacent aux brancards, et cela, sans ralentir leur allure, avec une adresse telle, que les voyageurs ne s’aperçoivent pas de la substitution des équipes.

Le père et la fille prirent place dans le coquet véhicule.

Aussitôt soulevé sur les épaules des serviteurs, celui-ci traversa la cour, passa sous le portail de bois, orné d’un auvent, à la hollandaise, et fila le long de la route de Palang-Chinchadeng, bordée de casuarines.

Une poussière jaune extrêmement ténue s’élevait eni légers nuages sous les pieds des coureurs.

De temps à autre, une interjection brève :

Mitau iach ! (gare ! un serpent).

Un sifflement de badine, un coup sec suivaient, annonçant la mort d’un reptile.

Ces dangereux ophidiens affectionnent, en effet, le sol des routes pour dormir ou digérer, et les porteurs ont, dans la ceinture, à leur intention, des baguettes de bois de fer. Au passage, sans réduire la rapidité de leur course, ils brisent la colonne vertébrale du serpent que son mauvais sort place sur leur chemin. Leur victoire est annoncée par un second cri :

Karæ iach ! (fini, le serpent).

Tous ces détails, familiers aux voyageurs, n’attiraient point leur attention.

Leurs regards restaient fixés sur la mer, à la surface de laquelle la coque du steamer apparaissait distinctement.

— Nous arriverons au débarcadère une demi-heure avant lui, remarqua Daalia.

François approuva du geste :

— Comme cela, nous verrons ce que le gouverneur, a préparé pour cueillir, au débarqué, cet aventurier.

— … qui comptait se faire passer pour mon cousin, et qui a volé à ce bon M. Fleck dix mille francs.