Aller au contenu

Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autre, je devrais me percer le cœur d’un kriss[1] acéré pour me punir.

Le planteur frissonna :

— Ne parle pas ainsi, mignonne.

— Vous voyez bien qu’il faut que tout ce passe comme l’a décidé Miria-Outan ?

— Hélas, oui !

— Car autrement, votre fille chérie…

Éperdument, François enleva la jolie créature comme pour la protéger.

— Tu as raison, enfant, je ne sais où j’avais la tête.

Tu as juré, soit. Il faut que tu tiennes ton serment. Tout plutôt que de te perdre.

Il couvrait son front, ses cheveux de baisers.

Elle les lui rendait, heureuse de le voir enfin d’accord avec sa foi.

Soudain elle se dégagea, son bras s’étendit vers l’est :

— Père, une fumée au large.

Tous deux coururent à la légère balustrade, contre laquelle s’appuyait le support de la lunette.

Le vieillard appliqua l’œil à l’instrument, et presque aussitôt :

— Oui, c’est le vapeur de Singapoor. En route, ma Daalia.

Une fois encore, il la prit dans ses bras :

— Et surtout, méchante petite, ne crains pas que je te trahisse. Tu tourmenteras ton fiancé autant qu’il plaira à M’Prahu et à Miria-Outan ; moi, je m’en lave les mains. Au diable mes neveux, mais qu’il ne tombe pas un cheveu de ta tête adorée.

Prestement, la jeune fille se coiffa d’un léger chapeau de paille.

Puis, bras dessus, bras dessous, le planteur et elle-même descendirent dans la cour, par un gracieux escalier couvert d’un dais de vaniliers et de plantes grimpantes aux fleurs éclatantes.

Leur mouvement avait été remarqué.

Quatre des porteurs avaient enlevé le palanquin et l’avaient amené au bas des degrés. Les quatre autres s’étaient rangés en arrière.

  1. Kriss, poignard malais.