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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/73

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hier. Tu conçois ; c’est sur la plainte de mon père qu’ils ont été arrêtés. Je me figurais qu’ils te dérangeraient beaucoup. Alors j’avais eu l’idée, pour que tu ne m’en veuilles pas, et pour t’indemniser des heures perdues, de te donner cette bague.

Ce disant, elle tirait de son doigt un anneau d’or sur lequel se détachait la tache rouge d’un rubis.

Les yeux de Souria se fixèrent avidement sur le bijou. Dans sa condition, elle ne pouvait prétendre en acquérir de semblables. On jugera du désir immodéré dont elle fut prise, si l’on songe que l’amour du clinquant, et à plus forte raison, du véritable joyau, atteint chez les Malaises jusqu’au délire.

Mais elle eut le courage de refuser :

— Non, non, la peine, s’il y a peine, ne vaut pas pareil présent.

— Alors, ma jolie amie, accepte-le comme gage d’affection, comme souvenir.

Derechef, les regards de l’ouvrière flambèrent. Sa résistance fut vaincue :

— Ah ! comme cela, murmura-t-elle.

Déjà, Daalia passait la bague au doigt de son interlocutrice.

Celle-ci riait, agitant la main, concentrant son regard sur le rubis dont les reflets rouges semblaient littéralement l’hypnotiser.

— Ah ! vous êtes aussi bonne que belle, Pangherana ; non, je me trompe, meilleure encore, bien que cela paraisse impossible. Vous avez deviné que j’aime ces pierres rouges, que je me disais : « Jamais aucune ne t’appartiendra ! » Et vous avez voulu apporter le bonheur à Souria qui se ferait tuer pour vous.

Elle avait attiré les mains de Daalia contre ses lèvres, et elle les baisait dévotieusement.

Celle-ci répondit aux caresses de la fille du gardien.

— C’est que je t’aime, Souria. Souvent, vois-tu, je te plains de vivre dans cette geôle, au milieu de criminels.

— Oh ! cela n’est pas terrible, Pangherana.

— Vraiment ?

— Et même, c’est parfois amusant

— Tu m’étonnes.

— Vous allez comprendre. Les cellules des prison-