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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/75

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— Tu es bien certaine de pouvoir ?…

— Absolument.

— J’ai si peur du ridicule, vois-tu. Depuis l’arrestation de ces bandits, je ne dors plus.

— Vous, ne pas trouver le repos ! s’exclama la fille du geôlier, dont l’intelligence, stimulée par la promesse adroitement jetée dans la conversation par Mlle Gravelotte, venait d’entrevoir un moyen de plaire à cette dernière. 

— Hélas ! j’espère que, plus tard…

— Non, de suite.

— De suite ? Comment ?

— En vous donnant la certitude que pas un geste, pas un mot des coupables ne m’échappera.

Sur ces mots, Souria saisit la main de la visiteuse et l’entraîna dehors.

Guidée par elle, Daalia contourna la maisonnette où ronflait toujours le digne Jeroboam Metling et se glissa derrière les constructions de la prison.

Comme l’avait dit la Javanaise, le mur, de ce côté, apparaissait uni, sans une ouverture.

— Votre main est glacée, Pangherana, remarqua la jeune Souria.

— L’émotion, j’ai peur.

— Peur de quoi ?

— De te faire gronder.

Un joyeux éclat de rire s’échappa des lèvres de Souria.

— Pas de danger. Mon père me féliciterait, au contraire.

De fait, si l’une des deux jeunes filles se sentait troublée, c’était bien certainement Daalia, venue là pour recueillir quelques renseignements sur cet inconnu, à peine entrevu lors de son arrestation, et dont la voix avait jeté en elle un émoi qu’elle ne pouvait s’expliquer.

Pourquoi avait-elle employé tant de ruses, quand il lui eût suffi d’exprimer ce désir ?

Pourquoi s’être cachée de Rana ?

Pourquoi ? Questions mystérieuses comme s’en adressent à elles-mêmes les jeunes filles. Ignorantes de la vie, ignorantes des sentiments nouveaux qu’un rien fait éclore, elles vont, tâtant l’inconnu de points