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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/77

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aboutir au plafond, dans la tranche d’une solive. Des prismes à réflexion totale, comme disent les ingénieurs, conduisent le rayon visuel absolument comme si le conduit était droit. Un récepteur téléphonique très sensible leur est adjoint.

La fille du riche planteur n’écoutait plus sa compagne.

L’œil fixé à l’orifice du tube, elle voyait le cachot n° 9 et, dans ce cachot, Albin Gravelotte et son fidèle domestique ami Morlaix.

Situation bizarre dont son cœur se prit à battre.

Sans doute, ces palpitations provenaient de ce que l’éducation de la mignonne ne l’avait point préparée à la surveillance policière.

Ses regards s’étaient fixés sur Albin.

De nouveau, elle subissait l’impression ressentie au débarcadère. Non, ce jeune homme élégant, à la physionomie fine et hardie, ne pouvait être un vulgaire cambrioleur.

Mais elle tressaillit.

Le fil téléphonique apportait à son oreille les accents de cette voix dont elle avait été troublée sur le port.

Frémissante, la rougeur au front, elle écouta :

— Enfin, conseille-moi, disait Albin s’adressent à son ami.

— Bon, comme si c’était facile !

— Parbleu ! si c’était aisé, je n’aurais pas besoin de toi.

Morlaix haussa les épaules.

— Tu es de mauvaise humeur, Albin. Ça, je m’en fiche. Mais tu sembles m’accuser d’indifférence, et cela, c’est autre chose. Voyons, raisonnons, nous sommes dans une situation inextricable.

— Je partage ta manière de voir.

— Parbleu ! Rien de plus facile que de faire télégraphier en France, de démontrer que tu es bien Albin Gravelotte, fils de Georges, de son vivant frère de François, partant, tout aussi neveu de ce dernier que Niclauss Gavrelotten, fils d’Ulrich, peut l’être.

À ces paroles, Daalia appuya sa main sur son cœur.

C’était donc vrai.