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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/79

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net de restaurant, j’apprends que Niclauss, mon cousin, ce misérable drôle, complote avec un correspondant infidèle, de dépouiller l’oncle François, et je laisserais faire. Non, mille fois non. Que la justice me condamne, j’ai ma conscience pour moi. Si j’ai extorqué dix mille francs à ce bandit, c’était pour payer notre passage jusqu’ici ; c’était pour venir me mettre à la disposition de mon oncle inconnu, pour lui dire : « J’allais me tuer, le hasard me fait savoir que ma vie peut vous être utile. Ne me remerciez pas, cela n’en vaut pas la peine, puisque je vous répète que j’allais me tuer. »

Les mains de Daalia se joignirent. Ses yeux se levèrent vers le ciel.

Pourquoi ce double mouvement ?

Elle n’aurait su le dire, la charmante enfant.

Mais une joie profonde venait de la pénétrer.

Et comme Souria se glissait à son poste d’observation, qu’elle avait abandonné, elle la repoussa doucement :

— Non, Souria, non. Ceux-là ne doivent pas être épiés.

— Pourquoi, Pangherana ?

— Parce que mon père a été trompé sur leur compte.

— Trompé ?

— Oui. Il y a un secret de famille. Je viens de le surprendre, et je désire que nul autre ne le connaisse.

— Il sera fait comme vous le désirez.

— Je compte sur toi, ma jolie Souria. À propos, aussitôt que tu pourras te faire libre, viens donc me voir. Je veux te faire choisir une broche d’or, parmi mes bijoux.

Un quart d’heure après, Daalia, assise auprès de Rana, dans sa petite voiture, quittait la prison, accompagnée jusqu’au seuil par Souria, délirante de joie coquette.

Le bon Jeroboam Metling ne s’était pas réveillé. Rien n’avait averti cet intrépide dormeur que la fortune venait à sa fille, tandis que, sur ses paupières, Morphée appuyait ses doigts légers gantés de pétales de pavots.