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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/97

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pièce voisine ; nul ne perçut la promesse muette que ce regard portait à la maîtresse bien-aimée :

— Ce que tu ne peux, je le puis, moi. J’arriverai bien à éliminer chaque fois cet individu qui te déplaît. Ainsi tu n’auras pas manqué à ton serment et le malheur ne sera pas sur toi.

Puis, revenant à son rôle.

— Que l’on offre les rafraîchissements ! s’exclama-t-elle.

Les serviteurs, accourus à l’appel d’une sonnette, posèrent sur la table madère, rhum, citronnade, juleps variés, et se retirèrent discrètement.

Bien vite, Lisbeth se mit à confectionner un grog savant pour son futur, bien que, un moment plus tôt, elle l’eût trouvé un peu ridicule.

Mais une Allemande qui songe au mariage a le souci de ses devoirs. Son devoir à cette heure était de préparer une boisson rafraîchissante et tonique, qui remit l’estomac et le cœur de son fiancé après ses émotions, et elle se donnait à cette tâche.

Niclauss la considérait d’un regard attendri. Pour la première fois peut-être, la bonne fille blonde lui apparaissait autrement qu’enchâssée dans un lingot d’or. Maintenant, il la voyait à travers un grog dont le besoin lui semblait indiscutable.

Enfin, citron, sucre, cannelle et rhum furent mélangés en une mixture savante. La main blanche et grasse de Lisbeth tendit le verre à la main impatiente de Niclauss.

Celui-ci s’en saisit, l’éleva avidement vers sa bouche.

Hélas ! à ce moment précis, un choc brusque se produisit sur son bras, et par effet réflexe, le contenu du verre, brusquement projeté hors du récipient, lui inonda la figure, lui entra dans les yeux, dans le nez, dans le cou, provoquant l’éternuement.

— Aïe ! Qu’est-ce ? Atchi ! Atchoum ! Je suffoque ! Atchoum ! J’étouffe ! Atchi !

— C’est moi, fit la voix grincheuse de Rana. Vous n’êtes pas fort, pour que le simple contact d’une faible main féminine vous amène à boire un grog par le nez ! 

Le malheureux, complètement ahuri, s’épongeait de