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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/124

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Ils obéirent.

Rien ne fut plus facile que de débarrasser le vicomte de sa missive dont la suscription : À M. de Talleyrand, arracha un éclat de rire à Brummen.

Quand le papier eut disparu dans la poche d’Espérat, Frantz demanda :

— C’est tout ?

— Absolument.

Alors, che peux contuire ce meinherr dans l’entroit où il habitera ?

— Sans inconvénient.

Compien de temps che tois le carder ?

— Le plus possible. Chaque jour nous donne une chance de plus de sauver l’Empereur d’un grand danger qui le menace.

— Oh ! alors. Voudrez-vous me faire signe ?

— Oui. En revenant en France, un de mes compagnons s’arrêtera ici.

— C’est cela. Maintenant à l’ouvrage et bonne chance.

Quand d’Artin s’éveilla une douzaine d’heures plus tard, il était enfermé dans une cave et la missive du roi avait disparu.

En vain il cria, pria, menaça ; une voix agrémentée d’un fort accent alsacien lui répondit seulement à travers la porte :

— Soyez sache, sinon on fous mettra au pain sec et à l’eau.

Et tandis que furieux, n’y comprenant rien, le gentilhomme exhalait sa colère contre ses persécuteurs inconnus, Espérat et ses amis, traversaient Strasbourg, franchissaient le Rhin sur le pont détruit en 1814 et récemment rétabli.

Ils marchaient sur Vienne, remplis de confiance par le premier succès remporté si aisément sur l’ennemi.