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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/137

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Une miniature de l’Empereur, cernée d’un mince filet d’or.

Eh bien, de cette mère adoptive, de cette sœur de charité du Génie, le monde frivole et pervers qui entoure les trônes avait fait le thème de dénigrements odieux.

Sous le souffle empoisonné de la calomnie, on s’était accoutumé à considérer la noble femme comme une ambitieuse, presque une aventurière.

C’est pour cela que le rouge de la honte avait envahi son visage, que son cœur s’était tordu de douleur dans sa poitrine.

Cette fois, Espérat ne se méprit pas au sens de cette émotion.

— Madame, dit-il du ton implorant d’un croyant prosterné devant l’autel, nous, Français, sommes sur une terre ennemie. Des yeux curieux nous épient peut-être. Sans cela, c’est les genoux, le front dans la poussière, que je vous parlerais.

Elle le regarda, son teint reprit sa pâleur, ses mains retombèrent lentement.

— Il a besoin de moi, murmura-t-elle ?

Incapable de prononcer une syllabe, Espérat affirma de la tête.

— Alors disposez de moi. Je vous ramènerai à Vienne dans ma voiture. Chemin faisant vous m’apprendrez ce que vous souhaitez.

D’un même geste, les trois Français joignirent les mains, sentant que cette attitude était la seule convenable devant la noble créature.

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Dix minutes plus tard, le carrosse de Mme de Walewska les emportait rapidement sur la route de Vienne.

Espérat parlait.

La comtesse écoutait avec toute son âme.