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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/211

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Fachoda du commandant Marchand et l’occupation de la bourgade.

La nouvelle lui causa un accès de rage incroyable.

Tous les calculs britanniques étaient déjoués par la ténacité, la persévérance, l’abnégation d’une poignée de Français.

Cela était inadmissible.

Il fallait chasser ces intrus.

Et pour cela, tout d’abord, se débarrasser des bandes mahdistes que l’on avait créées et qui allaient être massacrées, après avoir inconsciemment fait le jeu des Anglais.

L’armée du Madhi était cantonnée dans les vastes plaines nues, arides, qui entourent Ondourman.

Brusquement, dans les derniers jours du mois d’août 1898, les régiments anglais reçurent l’ordre de se mettre en marche.

On traversa rapidement la distance qui sépare Karthoum d’Ondourman et, le 2 septembre, on était en vue des masses mahdistes.

Au lever du jour, les canons Maxim ouvrirent le feu.

La bataille d’Ondourman commençait.

Ce fut un massacre.

Les mahdistes, avec une rare intrépidité, marchèrent à l’ennemi en rangs serrés, mais, mal armés, en terrain absolument découvert, ils ne purent pas même aborder les troupes du sirdar.

Les fusils à tir rapide, les obus Maxim pénétraient dans ces masses humaines, y traçant des sillons sanglants, amoncelant les cadavres et les blessés.

Dix fois, les soldats du khalifat revinrent à la charge, avec un héroïsme, un mépris de la mort au delà de tout éloge.

Pas un ne put arriver à quatre cents mètres du front de bataille anglais.

Le soir, les contingents mahdistes, broyés par cet ouragan de fer, laissant sur le terrain vingt-deux mille six cents hommes, se débandèrent, s’enfuirent, renonçant à la lutte impossible.

Selon leur doctrine fataliste de bons musulmans, leur entreprise était condamnée, puisque Allah n’avait pas permis qu’ils prissent contact avec leurs adversaires.

Mais il n’était pas suffisant pour Albion d’avoir ainsi « saigné » les malheureux que l’on avait soulevés.

Il fallait, par une de ces scènes d’horreur, dont les Anglais