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Page:Ivoi - Les grands explorateurs. La Mission Marchand.djvu/216

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« C’est bien la mission Marchand qui est là-bas.

« Les rapports de mes agents m’avaient d’ailleurs déjà fixé à ce sujet.

« Je demande à mon prisonnier quelques détails sur sa rencontre avec les Français.

« Rekni se lamente.

« Il a perdu sept cents hommes.

« Ces gens-là sont des diables et ils ont des fusils terribles qui tirent sans s’arrêter.

« Il avait écrit au Khalife pour demander des renforts ; mais le général derviche n’a pu lui en envoyer.

« Notre victoire d’Ondourman l’en a empêché.

« C’est là un point à noter, car il démontre que notre action a sauvé la vie de Marchand et de tous ceux qui l’accompagnaient. »

C’est en effet sur cette phrase que les Anglais ergotèrent à perte de vue un peu plus tard.

Quoi qu’il en soit, le sirdar ne perdit pas de temps.

De nouveau la flottille anglaise reprit sa navigation.

Partout sur les rives du Nil, les populations terrifiées par la journée sanglante d’Ondourman, dont les détails horribles avaient été portés de tribu en tribu par des coureurs, se soumettaient.

Elles rongeaient leur frein, elles grinçaient des dents en se courbant devant le vainqueur.

Mais elles sentaient toute résistance inutile.

Résister, c’était se condamner à l’anéantissement.

Et, la haine au cœur, une haine dont tôt ou tard, l’Angleterre sentira le poids, les indigènes saluaient les Anglais, ces maîtres nouveaux, déjà aussi détestés que les anciens tyrans turcs.

Partout des drapeaux anglais étaient hissés en grande cérémonie.

Et ce serpent ondulant de pavillons rouges s’allongeait chaque jour vers Faohoda.

Cela était menaçant et terrible.

Là-bas, une poignée d’hommes groupés autour d’une flamme tricolore.

Ici une armée nombreuse, tout un peuple ligués pour écraser les héros de la mission Congo-Nil.