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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/130

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

cuter, revenons à nos moutons, ou plutôt à notre blason. Le prince, venu incognito en France, est poursuivi par la police…

— Ah ! vraiment, s’exclama la jeune fille en frappant ses mains l’une contre l’autre ! Un vrai prétendant alors ?

— Un vrai.

— Mais si on l’arrête ?

— On ne l’arrêtera pas, je le protège.

Elle eut un geste de doute.

— On ne l’arrêtera pas, répéta le magicien avec plus de force, et, dans une semaine, il s’embarquera sur le steamer Canadian, à La Pallice.

Elle se prit à rire :

— Comme nous en ce cas ?

— Comme vous, mademoiselle. Je savais votre départ et j’ai agi en conséquence.

Cette fois, Laura demeura bouche bée, un peu troublée devant cet inconnu si bien renseigné.

Il profita de son émoi pour continuer :

— Il voyage incognito, comme un prince en exil, dont la fortune est mince.

— Oh ! fit-elle, je suis si riche…

— Oui, mais il dédaigne l’or.

Lui… il dédaigne… il me semble pourtant que l’or, beaucoup d’or, est très désirable…

Le magicien haussa les épaules avec insouciance :

— Je ne discute pas cela, mademoiselle, je vous dépeins le caractère du prince.

— Je demande votre pardon, je vous écoute.

— Le prince, prince de Tours.

— De Tours ?

— Oui, Bourbon-Valois-Orléans.

— C’est autre chose qu’un duc de Bezons, murmura orgueilleusement Laura.

Le prince, reprit le magicien, qui appartient à l’une des plus nobles, des plus anciennes maisons du monde, n’apprécie en somme que la noblesse.

— Sans argent, la noblesse…

— L’argent s’acquiert, mademoiselle, la vraie noblesse ne s’acquiert pas.

Elle baissa la tête :