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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/131

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L’HÉRITAGE DE LA « FRANÇAISE ».

— C’est vrai !

— Aussi, moi qui vous veux heureuse,… à cause de ce cœur que j’ai découvert en vous, je vous demande la permission de vous conseiller.

— Je vous en prie.

— Eh bien donc ! si vous alliez au prince de Tours ; si vous lui disiez : J’ai grande envie d’être princesse, faisons une affaire ; épousez mes millions… Il refuserait net.

— Alors, gémit-elle d’un ton désespéré, que voulez-vous que je fasse ?

— Ne pas montrer vos projets… d’association.

— Mais si je les cache…

— Attendez. Être ce que vous savez être, quand vous vous laissez aller à votre nature, bonne, discrète, désintéressée, charmante enfin ; vous efforcer, en un mot, de lui paraître aimable. Il est jeune, il est excellent, il est seul. Le besoin de tendresse est en lui… Qu’il se prenne au charme de vos yeux bleus, mademoiselle Laura, à la grâce de votre pensée, à la joliesse de la petite âme, que vos dollars masquent trop souvent, et alors, vous pourrez devenir princesse, non pas parce que riche, mais, ce qui vaut beaucoup mieux, parce que… aimée.

Immobile, une émotion soudaine l’envahissant tout entière, Laura écoutait, et soudain d’une voix tremblante :

— Oh ! je ne saurai jamais.

— Bah ! essayez… Vous avez déjà pour ami un magicien,… qui veillera sur vous.

— Vous ?

— Moi.

Brusquement l’inconnu qui, durant cet entretien, était demeuré accoudé sur le dossier du fauteuil de son interlocutrice, se redressa :

— Il faut que je vous quitte… Ne manquez pas le départ du Canadian.

— Je vous le promets.

— Suivez mes conseils.

— Je les suivrai.

— En attendant, et comme gage de succès, voici le bijou que vous aviez perdu.

Entre le pouce et l’index, il présentait la branche de pin, dont les émeraudes et les rubis scintillaient sous les clartés des lampes électriques.

Elle la prit et d’un ton de timide reproche :

— Vous avez dérangé mon père…