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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/338

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LE PRINCE VIRGULE.

De l’air le plus pénétré, l’ex-captif de Sakhaline s’inclina profondément.

— Admettez-vous l’arrangement ?

— Tout à fait. Il est agréable et réglementé de façon militaire.

— Alors ?

— Alors je vais au bar. Je me rafraîchis et je reviens…

— En nous laissant le plaisir de régler cette petite dépense, master Manny ; car nous serions désolés de vous voir solder une soif contractée par votre sollicitude pour nous.

Cette fois, le policeman ne trouva rien à répondre.

L’amabilité de son « nouveau » le médusait littéralement.

Jamais, dans sa longue carrière, il n’avait rencontré urbanité pareille, aménité comparable.

Mais comme il tenait à manifester son contentement, il allongea à son interlocuteur un coup de poing à assommer un bœuf et, soulagé par ce horion affectueux, il descendit sur le trottoir, dégagé, guilleret, en disant d’un accent plein de gaieté, de joie contenue, d’aimable expansion :

— Je vais au bar !

L’allure crâne, le casque en bataille, le pas élastique et régulier, le vieux serviteur de la police se dirigea vers l’établissement indiqué, dans lequel il s’engouffra.

— Maintenant, ne perdons pas de temps et décampons.

À cet appel de Dodekhan, Laura rejoignit ses amis ; mais sur le seuil elle s’arrêta net.

La foule était toujours grande devant l’hôtel. Elle s’était même grossie de quelques badauds, auxquels les garçons contaient avec complaisance les incidents miraculeux, dont la maison des Montagnes-Neigeuses avait été le théâtre.

Miraculeux ! Le qualificatif avait été prononcé.

Car, dans l’impossibilité d’expliquer la si opportune disparition des voyageurs recherchés par la police, les braves gens, plutôt que de rester cois, avaient sans hésité enjambé les limites qui sépare le réel du merveilleux.

— Le diable est pour quelque chose là dedans ! avait prononcé un piqueur superstitieux.

Le diable !

Est-il rien de plus admirable que de pouvoir se vanter d’avoir vu, sinon ce César de l’infernal séjour, au moins des amis à lui, des protégés, des intimes, de ces gens terrifiants qui fréquentent les five o’clock teas de Satan.