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Page:Ivoi - Millionnaire malgré lui.djvu/38

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MILLIONNAIRE MALGRÉ LUI.

— Non. J’ai pensé que le plus pressé était de vous aviser et de vous remettre ce papier dont la suscription est à votre adresse.

Il tendait un papier plié au gouverneur.

— Qu’est-ce ? demanda ce dernier, en prenant la missive.

— Je ne sais pas, Excellence. Cela était placé, bien en vue, sur les fers brisés… Comme votre nom est dessus…

Déjà le général Labianov dépliait l’étrange lettre.

Il la parcourut des yeux. Une teinte rouge plaqua ses joues et d’un geste brusque où se décelait l’irritation, il tendit la feuille au policier.

— Lisez, monsieur Kozets.

L’agent ne se le fit pas répéter, et à sa profonde surprise, il déchiffra ces lignes :

« Monsieur le Gouverneur,

« Sur mon ordre, mes deux gardes du corps ont perdu connaissance. Ils avaient besoin de secours ; j’ai brisé mes chaînes pour les conduire à l’hôpital. De la sorte, je puis voir la « Française » comme je le souhaitais, et nul autre que vous et moi ne saura que j’ai passé outre à votre défense. La délicatesse que je mets à vous démontrer que, pour moi, votre autorité n’existe pas, tout en la conservant intacte aux yeux des autres, vous est la preuve de la haute estime que m’a inspiré votre caractère.
xxxx«  J’ajoute un simple mot. Demain, quoi que vous fassiez, je quitterai Aousa. Je vous préviens afin que vous évitiez, par des précautions trop éclatantes, un échec retentissant, et je me dis, ce que vous apprécierez peut-être un jour,

« Votre sincèrement dévoué,
« 12 Dodekhan. »

« P.-S. — Ne vous fiez pas trop aux conseils du sieur Kozets. Comme tous les policiers, il est surtout « maladroit ».

Les deux hommes s’étaient dressés d’un même mouvement.

Sans s’être consultés, tous deux prononcèrent le même mot.

— Allons.

Et le général ajouta :

— Bolesine, prends six hommes au piquet de garde et rejoins-nous à l’hôpital.

— Bien, Excellence.