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Page:Jacob - Le Laboratoire central, 1921.djvu/48

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Etablissement d ’une communauté au Brésil.


On fut reçu par la fougère et l’ananas
L’antilope craintif sous l’ipécacuanha.
Le moine enlumineur quitta son aquarelle
Et le vaisseau n’avait pas replié son aile
Que cent abris légers fleurissaient la forêt.
Les nonnes labouraient. L’une d’elles pleurait
Trouvant dans une lettre un sujet de chagrin.
Un moine intempérant s’enivrait de raisin
Et l’on priait pour le pardon de ce péché.
On cueillait des poisons à la cime des branches
Et les moines vanniers tressaient des urnes blanches.
Un forçat évadé qui vivait de la chasse
Fut guéri de ses plaies et touché de la grâce :
Devenu saint, de tous les autres adoré,
Il obligeait les fauves à leur lécher les pieds.
Et les oiseaux du ciel, les bêtes de la terre
Leur apportaient à tous les objets nécessaires.
Un jour on eut un orgue au creux des murs crépis
Des troupeaux de moutons qui mordaient les épis.
Un moine est bourrelier, l’autre est distillateur ;
Le dimanche après vêpre on herborise en chœur.

Saluez le manguier et bénissez la mangue
La flûte du crapaud vous parle dans sa langue