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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/122

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paix avec les conquêtes. En 1800, c’est Marengo, en 1802, il signe la paix d’Amiens, il renoue avec la papauté et établit le Concordat. Déjà, il avait rompu avec la politique anticléricale de la Révolution. Mais c’est revenir à la protection de la religion traditionnelle (par ailleurs, il s’occupe des protestants, donne un statut aux Juifs). Seulement, il le fait en maître, qui accorde ce qu’il lui plaît. On chante le Te Deum à Notre-Dame, Bonaparte se fait donner le consulat à vie. Encore un peu, et il voudra affermir son pouvoir.

Auparavant, il faut un crime : c’est l’assassinat du duc d’Enghien, dont il a toujours pris l’entière responsabilité et dont il a dit que ç’avait été « un sacrifice nécessaire à sa sécurité et à sa grandeur ». Une fois Enghien fusillé, il avait donné le gage suprême à la Révolution, il s’était mis du côté des régicides. Un homme du Tribunal, un certain Curée, au lendemain du meurtre, s’écria : « Bonaparte s’est fait de la Convention. » Le mot est profond. C’est le même Curée qui proposa le rétablissement de la Monarchie, sous le nom prestigieux d’Empire, dans la personne de Napoléon Bonaparte. Sans le fossé de Vincennes, l’Empire était impossible, et les républicains ne l’auraient pas accepté, de même qu’ils n’auraient pas accepté le Concor-